Neuvième génération (Partie A)



Denis Carrier © 2020


(in english)

Gerard Carrier 22 ans Julienne Boucher 20 ans
Gérard Carrier 1917-1998 Julienne Boucher 1919-1987
signature de Gerard Carrier signature de Julienne Boucher à 17 ans
signature d'épouse (Mme Gerard Carrier)

Pauline Carrier Jean-Guy Carrier Denis Carrier Francois Carrier
   PAULINE             JEAN-GUY            DENIS             FRANÇOIS  

Gérard CARRIER et Julienne BOUCHER

Gérard Carrier était né à quelques milles de la frontière canado-américaine, le dimanche 2 septembre 1917, au rang numéro 7 de Saint-Hubert-de-Spaulding (Audet), dans le comté de Frontenac. Il avait été baptisé par le curé H. Boulé, le mardi 4 septembre, dans l'église dédiée à saint Hubert. 1 Le parrain avait été Alphonse Grenier, grand-oncle du baptisé, et la marraine, Azilda Bolduc.

Gérard avait suivi son père dans ses déménagements relativement nombreux pour l'époque. Une poursuite approximative dans l'espace et le temps de sa prime jeunesse donne ceci : 2

- de la naissance à l'âge de 1 à 1 1/2 ans (1917-18), à Saint-Hubert-de-Spaulding (Audet).

- vers l'âge de 1 1/2 ans, déménage 3 rangs (6 milles à l'ouest) dans la maison d'Aimé Grondin.

- à 2 1/2 ans (1919-20), déménage à la rivière Chaudière.

- à 4 ans (1921-22), déménage dans la maison Dostie, toujours à Saint-Hubert (Audet). C'est pendant la période où il habite cet endroit, qu'il faillit se noyer avec tous les autres membres de sa famille. (Voir la génération précédente .)

- à 4 1/2 ans (1922), il déménage à Saint-Théophile dans le rang Saint-François ("rang des Crêpes") voisin des Pépin. Julienne Boucher, fille de Siméon Boucher et de Carmélite Fortin, qui va devenir l'épouse de Gérard, habitera aussi à Saint-Théophile, dans le "petit rang", près du village, à partir de 1925.

- à 6 ans (été 1924), Gérard déménage sur la terre de Joseph Leclerc. Son père a acheté la terre et la maison. Il y séjournera plus longtemps qu'ailleurs, soit jusqu'à la mort de sa mère en 1927.

Gérard fait son entrée à l'école à l'automne de 1924. Il a sept ans depuis le 2 septembre. L'école est à environ un mille de chez lui et située sur la terre de Mignon Leclerc (ou de Cadius Beaudoin). Il fréquente cette école pendant deux ans 3 et le seul souvenir qu'il en gardera sera le jour où il se fait prendre un doigt dans la porte.

À l'âge de 9 ans, il perd sa mère, née Maria Leblanc. Moins d'un an plus tard, avant la fin des classes, il est placé chez Arfa Théberge, à Saint-Samuel. Nous sommes au début de l'été 1928, et Gérard restera là jusqu'à l'âge de 13 ans au moins. Les Théberge ne sont pas des inconnus. Madame Théberge, née Maria Leclerc, est la soeur de Joseph Leclerc de qui Arthur Carrier avait acheté la terre et la maison en 1924. Les Théberge n'ont qu'une petite fille de 2 ou 3 ans que Gérard, venant d'une famille nombreuse, trouve très "gâtèe". Pendant son séjour chez Arfa (ou Orpha) Théberge, Gérard fréquente l'école au carrefour où habitent quatre familles Fortin. Il faut parcourir environ 3 milles (5 km) pour s'y rendre, en passant par le village qu'il dépasse pour un peu moins d'un mille (1,6 km). Il y fera sa communion solennelle, marquant ainsi la fin désirée de ses études.

À l'été de 1930, Gérard, qui a 12 ans, profite un dimanche après-midi de l'absence des Théberge, pour réaliser un vieux rève. Depuis longtemps, il désire traverser le lac Drolet. Une vieille embarcation venue s'échouer sur le rivage lui en fournira les moyens. Équipé d'un perche en guise de rame, il entreprend la traversée qui aurait pu lui coûter la vie. Une fois de plus, l'onde lui laissera la vie sauve, même s'il ne sait pas nager. Lorsqu'il atteint l'autre rive, il est exténué et l'embarcation est remplie d'eau. À la même époque, il habite quelque temps chez Eddie Roy, sur le chemin Kenebec. Il y "fait le train", 4 et, dans ses temps libres, va patiner au village.

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Gérard Carrier, 13 ans. Son premier emploi comme chartier en Beauce au Québec.
(Photo: collection Denis Carrier)

Vers l'âge de 14 ans, il retourne habiter à Saint-Théophile. Les relations entre son père et la nouvelle épouse ("veuve") se sont normalisées, ce qui permet un rapprochement des enfants. Ils doivent aller habiter dans le "shack" en bois rond bâti par Arthur Carrier au milieu de la terre, là où il y avait un moulin à scie.

Ceci se passe pendant la Crise où le retour à la chasse au chevreuil comme moyen de subsistance est fréquent. Ainsi, Gérard et son ami Robert Talon, fils de Joseph Beaudoin, (du premier mariage de sa mère) partent sans être accompagnés par un adulte. Ils s'égarent en forêt et faillissent y laisser leur peau.

Vers l'âge de 16 ans, ce fils d'Arthur se fait draveur. Avec un fils de NéréLapointe, il travaille à la descente du bois sur la Chaudière entre le point de mise à l'eau situé à six milles (10km) au nord d'Armstrong et Saint-Georges. Son acolyte plutôt "palote" (pas très agile) bute en reculant sur un gros caillou faisant saillie et tombe à l'eau. Gérard courre l'attraper en aval à l'aide de son "dog". 5 L'ami en était déjà à sa deuxième remontée en surface. 6 Une semaine plus tard, c'est Gérard qui lui marche sur la tête, au sens propre, dans un sauve-qui-peut ayant suivi le déblocage d'une "jam". 7

Gérard restera à Saint-Théophile jusqu'à l'âge de 17 ans, soit jusqu'à son premier départ pour l'Abitibi. Entre-temps, il fait la connaissance de Julienne Boucher qui rappellera plus tard qu'elle jouait contre son cavalier (dans les jeux de cartes à quatre) pour être plus près de lui. Rien de surprenant qu'on les retrouve ensemble dans le fond de l'Abitibi.

À l'âge de 17 ans, en pleine crise économique, Gérard se rend en Abitibi en passager clandestin sur le train de marchandise accompagné de son ami et futur beau-frère, Florian Boucher. 8 Nous sommes à Québec à la mi-décembre 1934. Gérard et Florian, d'un peu son aîné ont décidé d'aller travailler "dans le bois". L'un est orphelin de mère et l'autre de père.

Vêtus légèrement et ayant en poche assez d'argent pour se rendre à La Tuque, ils montent sur le train. Parvenus à La Tuque, ils couchent dans un logis non chauffé, c'est-à-dire, dans un endroit où l'on met les chevaux arrivés par train et destinés aux camps de bûcherons. Les chevaux logent au rez-de-chaussée et les hommes à l'étage. C'est là qu'ils passent leur première nuit d'aventure ayant sous le degré de congélation la seule chaleur des chevaux et toutes les odeurs que cela suppose.

Le lendemain matin, n'ayant pas ou peu mangé depuis Québec, ils partent pour le camp de bûcherons situé à environ 60 milles (100 km) de La Tuque. Deux relais permettent de faire le trajet en trois jours. Un premier de 24 milles et l'autre environ 18 milles plus loins.

Ils sont maintenant fort de cinq et se disent bien qu'ils se rendront au but. Mais, après quelques heures, la faim se fait grande et les milles parcourus peu nombreux. Gérard insiste pour faire demi-tour. Il obtient gain de cause et tout le monde se retrouve au point de départ, à La Tuque. après une vingtaine de milles de marche.

Non satisfait de cette aventure, Gérard et Florian décident, plutôt que de retourner à Québec, de "monter" en Abitibi. Sur une voie d'évitement, ils aperçoivent un wagon éclairé par un fanal. Il s'agit d'une vache, d'un petit boeuf et de leur gardien anglais qui sont sur le point de partir pour Taschereau. Les animaux ont chacun une chaude couverture sur le dos et le plancher est recouvert d'au moins un pied de paille. Une source de chaleur, une vache qui donnera du lait et un bon isolant qui pourra servir de couche à l'occasion, quoi demander de mieux? Mais le vieux s'obstine à ne laisser entrer personne. "Get out", qu'ils comprennent, non à la signification des mots, mais à cause de l'intonation, leur laisse entendre qu'ils doivent utiliser une approche plus discrète. "Goddar" ou pas "Goddar" (get out), ils s'y introduisent à son insu puis les voilà partis.

Ce genre de voyage en hiver est très dangereux. Pour ne pas rester coincé à l'intérieur, la porte du wagon doit rester ouverte de quelques pouces. Cette précaution de coincer un 2 x 4 ou une pitoune 9 dans la porte est essentielle. Ils connaissent bien l'histoire de ces cadavres retrouvés au printemps dans un wagon à bagages stationné sur une voie d'évitement à Québec. Ils traient la vache dans une "canne" 10 de poudre à pâte qui avait dû servir à contenir de l'huile. Florian, qui n'avait jamais voulu boire du lait "pas coulé" 11 doit se faire à ce mélange mousseux. Gérard qui est plus débrouillard, se fait ami avec le "brakeman" du fourgon de queue et peut aller dormir au chaud.

N'ayant toujours pas mangé et après une journée de plus de trajet, ils atteignent Amos. Pour fêter leur arrivée et oublier la faim pour un instant, ils mettent en commun tout l'argent qu'il leur reste (moins deux cents, dans le cas de Gérard) et s'achêtent un gallon 12 de vin pour 1,25$. Florian qui aime bien le vin est le premier à mettre son "trente sous". 13 Puis ils "rembarquent" pour la dernière partie motorisée du trajet. Destination : Taschereau, ils se rendent à pied chez un ami, monsieur Thibeault, habitant Sainte-Rose-de-Poularies. Celui-ci les héberge et leur donne leur premier repas depuis trois jours.

Le jour suivant, ils se rendent à pied à la Jonction Marrouf , 14 à une quinzaine de milles (24 km) au sud de Sainte-Rose où ils s'engagent comme bûcherons, sauf Gérard qui, trop jeune et sans expérience de bûcheron, s'engage comme "couqui". 15 Il y reste trois semaines à mettre la table (les "dish" ou les assiettes de fer blanc), enlever et laver la vaisselle, et éplucher (peler) les patates pour 70 hommes. Il est employé par monsieur Bergeron de Macamic.

C'est à cause d'une bonne grippe qu'il quitte son emploi d'aide-cuisinier. Il passe à l=*office+ (bureau) et reçoit cinq dollars en guise de paye finale. Avec ce montant en poche, il se rend à pied à Rouyn voir un médecin qui lui prescrit des pilules coûtant à elles seules la somme de trois dollars. Les deux dollars restant sont utilisés pour coucher à l'hôtel, repas compris. À cet endroit, il rencontre Marc Grenier, militaire qui avait "bommé" (quêté) une pleine poche 16 de victuailles dans la ville de Rouyn. Cet ex-militaire raconte à Gérard qu'il se rend travailler dans un chantier situé dans les environs du Rapide-Sept. Gérard lui propose de l'accompagner et de porter son sac, moyennant quoi, ils partageraient le contenu.

Le duo quitte Rouyn, parcourant 11 milles 17 la première journée. Parvenus à cet endroit, ils trouvent un gîte chauffé, sans cuisine, où trois autres hommes se joignent à eux. Le deuxième jour, le groupe de cinq parcourt les 24 milles les menant à la cache Clérion. 18 Quelques milles avant d'atteindre ce deuxième relais, ils apprennent par des marcheurs voyageant en sens inverse, qu'ils y trouveront de la nourriture en plus du gîte. C'est alors avec joie que Gérard se débarrasse du sac de nourriture que sa grippe rendait encore plus lourd. Le troisième jour de marche sert à parcourir les 18 milles les séparant du camp proprement. Pendant ce trajet, Gérard apprend que seulement quatre d'entre eux seront embauchés et ils sont cinq. De plus, il n'est pas bien accepté par le groupe, parce que beaucoup plus jeune et trop "questionneux". Les derniers milles sont très pénibles. Gérard encore malade et un autre du groupe parcourent les derniers milles en titubant d'un fossé à l'autre. Les plus résistants du groupe prennent les devants en leur promettant de revenir sur leurs pas avec un cheval et une voiture, ce qui ne sera pas nécessaire.

L'embauche est particulièrement difficile pour Gérard. Il s'entretient avec le "boss" (patron), Monsieur Desgroseillers, de Beaudry & Desgroseillers. Ce dernier est malade. Il mourra d'ailleurs au printemps de la même année. Gérard réussit à le convaincre en lui expliquant qu'il bûche depuis l'âge de 13 ans. On lui aménage un "bed" (lit) du deuxième palier d'un lit à deux paliers, car c'est la coutume que les plus jeunes couchent en haut. Son lit est fait de "logues" 19 sur lesquelles repose la paillasse. L'espace entre le palier du haut et le plafond est très petit. Les soirées y sont torrides et les matins glaciaux. La nourriture est excellente, tartes et sucreries de toutes sortes, mais les poux abondent.

Gérard y bûche quelques semaines, puis se blesse d'un coup de hache à un genou. C'est alors le long retour à Rouyn, sur un traîneau sans siège. Pendant un mois et demi, il reste en convalescence à l'hôtel où, pour défrayer sa pension, il monte "sur une patte" le bois de chauffage à chacun des trois étages, après l'avoir coupé et fendu.

Pendant ce séjour, il rencontre un joueur de cartes professionnel. Ils décident ensemble de se rendre à Montréal sur le train. Mais voilà, c'est que le billet aller coûte à lui seul neuf dollars, et Gérard ne dispose en tout que de 18,00$. De plus, les repas sur le train coûtent jusqu'à un dollar. La décision est prise, ils y vont.

Après un long détour, ils arrivent à Montréal où ils se louent une chambre au centre-ville, à cinq dollars pour deux personnes. Le joueur professionnel se rend dans un "Pawn Shop" 20 où il se procure de beaux vêtements de ville. Quant à Gérard, il est vêtu en bûcheron, "culotte" d'étoffe et gros "rubbers"; 21 il ne peut donc aller en ville. D'ailleurs, Montréal lui est complètement étranger, une vraie forêt.

Gérard reste donc à la maison de pension et cause avec la propriétaire. Les pieds lui brûlent. Il vient d'arriver, n'a pris aucun repas ni dormi dans la chambre louée. Il propose par conséquent à la propriétaire qu'elle lui rende deux dollars sur les deux et demi donnés, car il vient de la Beauce et veut y retourner. Elle accepte.

Le billet pour Québec est acheté. Il coûte deux dollars. Gérard arrive à la gare du Palais de Québec n'ayant presque plus d'argent. Il gardera cependant toujours deux cents, au cas où il aurait à écrire une lettre à son père, Arthur Carrier. Son père n'est pas riche, mais il sait qu'il lui viendrait en aide s'il était vraiment mal pris. C'est une sécurité qu'il se garde. À Québec, il trouve un gîte pour dix cents seulement. À ce prix-là, il faut se contenter d'un "spring" 22 sans matelas et de voisins robineux. L'un d'eux dort dans l'entrée de la toilette, bloquant le passage. Un dernier dix cents sert à payer le passage sur le traversier allant de Québec à Lévis, sur la rive sud. Sans déjeuner, il parcourt les 28 milles (45 km) séparant Lévis de Saint-Lambert, il se rend chez son oncle Arthur Pelchat. Il prévient sa tante qu'il est bourré de poux. Elle lui aménage un lit dans un coin et le met à l'aise en lui disant qu'elle ébouillantera les couvertures.

Le reste du trajet se fait en deux jours. Entre ces deux jours, Gérard couche chez le cordonnier de St-Côme, bon vivant et grand ami de la famille. Le couple écoute avec intérêt les récits de son aventure en Abitibi. Au dernier jour, peu de temps avant d'atteindre le "shack" ou le reste des enfants du premier mariage d'Arthur habitent, il voit venir leur chien Rover à sa rencontre. Le chien saute de joie à le revoir, ce qui fait dire à sa soeur Thérèse : "Je savais que c'était toi, Gérard". (Henri-Louis était parti à l'école). Nous sommes en février 1935. Il rencontre ensuite son père qui lui demande s'il a mangé du pain sec. "Non", lui répondit-il, "j'ai braillé" (pleuré) pour le mouiller. 23

En juin, pendant que Gérard Carrier est "en bas", son père, Arthur Carrier "monte" en Abitibi avec l'intention de se procurer une terre. La transaction n'a pas lieu et Arthur retourne à Saint-Théophile. Le père et le fils s'entrevoient à peine, que Gérard, à son tour, repart pour l'Abitibi. C'est le fils qui finira par s'établir dans l'Eldorado du nord. Pour ce faire, Arthur Carrier donne 35,00$ à son garçon. La somme peut paraître minime, mais n'oublions pas que nous sommes pendant la grande crise économique. Elle permet néanmoins à Gérard de se payer le luxe d'un vrai billet sur le train.

Valè Boucher avait déjà, avant 1935, acquis une terre à Sainte-Germaine-Boulé, au "rang 2", côté sud, entre celles accordées plus tard à Jean Audet 24 et Gérard Carrier lui-même. 25 Valère Boucher et son ami Edmond Paquette avaient été parmi les tout premiers, sinon les premiers, à s'établir de l'autre côté du "cap".

à l'été 1935, Gérard Paquette n'y est plus, mais Florian Boucher a rejoint son frère cadet. Vivant dans un abri de fortune, 26 ils préfèrent la pluie sur la tête et se nourrir uniquement de bleuets, 27 plutôt que d'aller bûcher et d'accumuler les fonds leur permettent de se construire une demeure plus convenable. Non, ils sont des mordus de la terre, et c'est d'elle et d'elle seule qu'ils veulent tirer leur subsistance.

Ils pourront cependant se permettre d'avoir du pain à manger avec leurs bleuets, car Gérard va partager avec eux ce qui lui reste des 35,00$ reçus de son père. De plus, il participe avec ses deux futurs beaux-frères aux travaux de défrichage, mais trouve que les bleuets ne sont pas très soutenants. Une heure après s'être gavé à satiété, il faut recommencer.

Laissant l'Abitibi pour un nouveau départ, Gérard Carrier se lance à la recherche d'un emploi. Il se rend d'abord à La Sarre chez le ferblantier Brousseau. Celui-ci n'a peu ou pas de travail à lui donner, mais accepte de l'héberger et de le nourrir en échange de quelques menues besognes. Mais voilà que l'inaction pèse lourd à Gérard. Avec son ami, Gérard Poulin, il décide de pousser la recherche d'un emploi jusqu'en Ontario. L'expérience sera plus que difficile. En 15 jours, Gérard perdra 15 livres, ce qui nous permet d'imaginer dans quelles conditions il devra voyager et se nourrir. Les 200 milles (330 km) séparant Hearst de La Sarre se font en montant sur le toit d'un wagon de marchandises du Canadien National. Rendus à destinations, la police les attend de pied ferme pour les empêcher de descendre. Ils verront bientôt pourquoi. Les deux Gérard finissent par se faufiler parmi les 300 "jaubeaux" (Jos Blow) à la recherche d'un emploi que la faim a regroupé autour du "shack" du maire de l'endroit. Ils réclament de l'aide 28 sinon ils utiliseront les 200 cordes de bois de deux pieds cordés tout près pour ravager son "shack". Devant cette menace, le maire obtient une aide de vingt cents par jour, par homme.

Les deux acolytes passent 7 jours dans la ville ontarienne, puis parcourent à pied les 12 premiers milles (20 km) du retour, car il est impossible de sauter sur le "fréte" (freight) à Hearst même; la police est trop vigilante. À Val-Côté, l'opération est plus facile, mais il faut prendre garde de s'agripper à l'échelle d'en arriere. Si l'on s'agrippe à celle d'en avant et que la poigne vienne à manquer, le voyageur est projeté contre la paroi du wagon et retombe sur le sol. Par contre, s'il s'agrippe à l'échelle arrière et qu'il perd son équilibre, il risque de retomber en arrière du wagon et d'être broyé sous les roues du suivant.

Gérard Carrier et Gérard Poulin, non satisfait de cette aventure, traversent La Sarre sur leur trajet de retour sans même s'y arrêter. Profitant de leur "bonne place", ils choisissent de continuer jusqu'à Trois-Rivières. Un jour additionnel les mène de Trois-Rivières à Québec où ils se séparent. Gérard Carrier retourne à Saint-Théophile. Nous sommes au milieu de l'été 1935.

Il passe l'été, l'automne 1935 et l'hiver 1936 dans le "shack" bâti pour les enfants du premier mariage et tenu par la grande soeur Thérèse. Il aime bien l'harmonica, et lorsqu'il se dispute avec Thérèse, il la taquine en jouant de plus en plus fort et en accordant du pied.

Printemps 1936 : nouveau départ pour l'Abitibi. Celui-là sera décisif pour l'avenir de Gérard Carrier qui a maintenant 18 ans. À son retour à Sainte-Germaine-Boulé, il travaille à la construction du "rang 2" 29 entre le village et la route 63. 30 La grande crise économique fait encore planer son ombre et Gérard doit, pour 1,75$ par jour, travailler dix heures, six jours par semaine, à creuser les "fossets" (fossés) à la "petite pelle". 31 La terre arrachée d'un sol touffu de racines doit être lancée au milieu de la route, afin de la rendre convexe et ainsi permettre un meilleur égouttement. Après le "rang 2", il participe à la construction de la route reliant le village de Sainte-Germaine au "rang 10". Pendant cette période, il habite chez Madame Siméon Boucher, sa future belle-mère, née Carmélite Fortin le 16 mai 1890 et baptisée à Saint-Georges. 32 Elle était la fille de Joseph Fortin et Philomène Ratté. Elle avait habité Saint-Irénée car une carte postale de son "cavalier" Napoléon Roy expédiée de France le 2 janvier 1908 est adressée : "Mlle Carmélite Fortin, St-Irénée, Bce". Madame Boucher décédera à l'hôpital Saint-François de La Sarre le 17 juillet 1972 et sera inhumée à Sainte-Germaine-Boulé.

Siméon Boucher pour sa part était né le 7 janvier 1886 à Saint-Georges 33 et était le fils de Eugène Boucher 34 et de Marie Roy. Siméon et Carmélite avaient uni leur destinée le 29 juin 1909 à Saint-Georges. Siméon Boucher était décédé le 29 juin 1931 à Saint-Théophile 35 des suites d'une "maladie de coeur" et/ou respiratoire. Il devait passer ses nuits dans un fauteuil pour ne pas étouffer.

Madame Boucher et ses enfants, sauf Simone et Paula qui avaient trouvé un emploi au Château Frontenac à Québec, avaient quitté Saint-Théophile pour s'établir à Sainte-Germaine-Boulé au printemps de 1936. L'arrivée avait eu lieu le 16 mai, jour de son anniversaire. Ils prirent la terre en face (du côté sud du "rang 2") de la première terre qu'obtiendra Gérard Carrier.

Avant de venir s'établir en Abitibi, la famille Siméon Boucher avait habité, dans l'ordre: Saint-Georges de Beauce, Saint-Philibert, Notre-Dame des Pins et Saint-Théophile. Son séjour près du village de Saint-Théophile, dans le "petit rang", avait été de onze ans, soit de 1925 à 1936 inclusivement. À son arrivée, Madame Boucher trouve l'Abitibi des Grands Brûlés bien triste. Elle appelle d'ailleurs les chicots, ces squelettes d'arbres, les âmes du purgatoire.

Les enfants de Siméon Boucher et Carmélite Fortin sont : 36 En habitant chez sa future belle-mère, Gérard peut être proche de sa blonde et sortir les bons soirs (les mardi, jeudi, samedi et dimanche soirs). On dit que Madame Boucher aime bien le taquiner. Son tour préféré : mettre des patates pilées dans ses "rubbers".

À l'hiver 1936-37, Gérard va s'engager comme bûcheron au service de "Médé" (Amédé) Girard sous-contracteur à Cadillac pour la Canadian International Paper (l'Internationale). Il reçoit une solde mensuelle de vingt six dollars.

Au printemps de 1937, il obtient sa première terre du Ministère de la colonisation de La Sarre. Il s'exerce alors à bâtir sa première maison. Sans plan ni connaissances théoriques, il la bâtira en moins de deux étés. Il n'a pas encore vingt ans lorsqu'il érige la structure. Les solives sont équarries de ses mains entièrement à la hache. Cette maison sera durable. Madame Siméon Boucher (Carmélite Fortin) y habitera avec son fils jusqu'à sa mort en 1972 puis Florian y terminera aussi ses jours. Robert Massicotte en fera ensuite l'acquisition.

Pour ouvrir sa maison au soleil, Gérard doit transporter les vitres des fenëtres sur son dos en prenant de grands risques. En effet, le magasin général le plus proche offrant un produit aussi rare se trouve à Palmarolle. Gérard s'y rend donc y acheter ses vitres qu'on lui charge et lie solidement sur le dos. Il les transporte à pied sur les neuf milles (14 km) séparant le chantier de construction du magasin. La route est longue et il n'y a pas encore de pont sur les ruisseaux ni les rivières au-delà du village de Sainte-Germaine. Un arbre abattu sert donc de pont sur la rivière Poularies. Il est seul et n'a pas l'intention de rebrousser chemin ni d'attendre un passant. Il s'engage sur le tronc sachant pertinemment que s'il perd l'équilibre c'est la fin. La charge fixée sur son dos interdit en cas de chute tout espoir de nager et le fond de terre noire de la rivière l'engloutirait volontiers. Heureusement, il a le pied sûr et une excellente maîtrise de sa charge. La traversée se termine sans encombre.

À l'automne 1937, la maison est presque terminée. Un détail chicote cependant Gérard; cette maison "parait mal" parce que trop haute par rapport à son périmêtre. Cela n'est point un problème pour quelqu'un de sa trempe. À l'aide d'un sciotte, 37 il coupe graduellement et en rotation chacun des quatre coins soutenant le toit qu'il laisse redescendre lentement à l'aide de "prailles" (leviers).

À l'automne 1937, il fait équipe avec un autre de ses futurs beaux-frères, Roméo Boucher. Le duo a entrepris de faire commerce dans le bois de chauffage. Ils bûchent du bois vert, à Dubuisson, qu'ils tronçonnent en bois de poële et vendent aux résidents de Malartic. L'entreprise aurait bien fonctionné n'eut été l'insatisfaction des clients qui ont beaucoup de difficulté à faire brûler ce bois trop "vert".

La période des fêtes passée, Gérard Carrier "descend en bas" puis au printemps 1938 fait les sucres. Il a maintenant 20 ans.

Au début de l'été 1938, il remonte en Abitibi et oeuvre au transport du bois à l'aide d'une "time" (team) de chevaux. Son travail de charretier lui permet d'économiser 50,00$. Avec cette somme il fait l'achat de sa première automobile. Il s'agit d'une camionnette "station-wagon" Dodge 1927 avec côtés en bois huilés que l'on appelle Panel à cette époque. Il se la procure au garage Hamel de La Sarre pour 125,00$ dont 50,00$ comptants, le reste devant être acquitté par des versements de treize dollars par mois.

Sans permis ni leçon de conduite, Gérard apprend les joies de la conduite automobile. Le bolide n'a pas de frein et il doit malgré lui s'initier à l'art du "double-clutch" en rétrogradant, art qui lui sera très utile lorsqu'il deviendra camionneur.

Il passe l'été 1938 à compléter la construction de sa première maison et à défricher les 5 acres 38 de terre pour lesquelles il recevra après la période des fêtes, soit l'année suivante, une prime de 75,00$.

À l'automne 1938, Gérard vend sa terre et la maison dont il vient tout juste de terminer la construction à son futur beau-frère Florian Boucher. 39 La famille Boucher déménagera d'en face et y habitera en permanence. La maison qu'ils quittent servira à monter le métier à tisser et à entreposer divers objets. Avec l'argent retiré de la transaction, Gérard va se promener "en bas". Il a maintenant 21 ans.

Au printemps suivant (1939) il fait les sucres chez son beau-frère Alcide Parent. Il y passe entre autre un mois et demi à fabriquer des manches de haches. Les temps sont "dolles". 40 et pour 18 jours de travail il reçoit 15,00$ en plus de sa nourriture et de son logement. Avec ce maigre avoir, il va revoir sa bien-aimée qui le reçoit en pleurant de joie. Cette séparation les aura convaincu de la solidité de leur amour qu'ils affirmeront devant Dieu et devant les hommes moins d'un ans plus tard.

À l'été 1939, on retrouve Gérard Carrier à l'emploi d'Adélar Turmel. Ce dernier a des idées originales pour développer le tourisme. Il a entrepris de bâtir un hôtel-maison-wagon-restaurant qui a intentionnellement la forme d'un wagon de chemin de fer avec sa partie longitudinale centrale surélevée ornèe d'une série de petites fenêtres rectangulaires, le tout d'un vert épinette-en-hiver foncé. Gérard y travaille tout l'été pour sa nourriture et son logement (pour sa "pension").

À l'automne 1939, il va pour un mois et demi donner ses services au chemin de fer du Canadien National. Il est intégré é un groupe surnuméraire (extra-gang) qui a pour fonction la pose de traverses du lac Duffault. Gérard passe la période des fêtes à Sainte-Germaine où lui et Julienne Boucher précisent les modalités de leur mariage.

Au début de 1940, Gérard continue sa "ronne" 41 de mariage qu'il a commencée en décembre 1939. Il travaille 125 jours à un dollar par jour pour Médéric Landry sous-contracteur pour le bois de chauffage à la mine Waite-Amulet. 42 Son travail consiste à couper du "cyprès" (pin gris) sec au banc de scie en longueur de 20 pouces pour la truie 43 de la mine. On lui a fourni un "shack" de bois rond de 18x20 pieds (5,5 x 6 mètres) pour résidence. Ce "shack" est fait de troncs d'arbres d'environ 8 pouces (20 cm) de diamètre entre lesquels on peut voir dehors car la mousse naturelle qui a servi au calfeutrage a disparu à maints endroits. Le toit est une simple couverture de planche sans plafond ni isolant. Gérard, seul résident, y gêle littéralement. Pour lutter contre le froid, il couche entre deux matelas. Malgré cette précaution, le froid réussi à s'infiltrer par les côtés. Le soir, il chauffe la "truie à blanc dans une dernière attisée, mais au matin, la baraque est aussi froide qu'une grange à foin. L'eau gêle évidemment à toutes les nuits. Pour déjeuner, il se rend à la cantine des mineurs. Un jeune garçon l'aide en "clérant" 44 les bûches. Pour ce qui est de prendre le bois de la roulle 45 et de le déposer sur le banc, il doit le faire seul en portant les billots par le centre. Heureusement, il est "capable" (fort) et de haute stature (6 pieds et 2 pouces ou 1 m 88) ce qui l'aide à obtenir et conserver ce genre d'emploi.

Vers la même époque, il est appelé pour le service militaire. C'est le docteur Willi Bernier de La Sarre qui est chargé de l'inspection d'entrée. Il est classé "A" mais Gérard sera gardé en réserve parce qu'il est défricheur.

Le mercredi 8 mai 1940, Gérard Carrier épouse Julienne Boucher. 46 Gérard a 22 ans et Julienne 20. Le mariage a lieu à Sainte-Germaine-Boulé dans la chapelle. 47 Le curé Alfred Roy bénit l'union.


Extrait du registre des mariages de la desserte Ste-Germaine de Palmarolle, 8 mai 1940:

Extrait du registre des mariages de la desserte Ste-Germaine de Palmarolle, 8 mai 1940

Il n'y a pas de contrat de mariage mais le 12 mai 1949, Gérard et Julienne passeront un acte de donation mutuelle devant le notaire Jules Lavigne à La Sarre. 48

Julienne Boucher était née le 20 décembre 1919 à Saint-Philibert et avait été baptisée à Saint-Georges le 21 sous les prénoms de Marie-Blanche- Julienne-Cécilia. 50 Aprèès Saint-Philibert elle avait habité Notre-Dame des Pins puis le "petit rang" à Saint-Théophile. Elle avait fréquenté l'école de ce rang puis l'école du village jusqu'en sixième année. Elle avait démontré un talent particulier pour le dessin. Sa lignée agnatique est la suivante : 51

Quatrin Boucher marié à Jeanne Denis, Saint-Étienne Bourg de Chaix (Loire), France.

Jean Boucher marié le 12 novembre 1678 à Sainte-Anne de Beaupré à Madeleine Paré.

Pierre Boucher marié le 18 juin 1711 à Françoise Allaire.

Pierre Boucher marié le 22 novembre 1740 à Saint-Joachim à Geneviève Gagnon.

Pierre Boucher marié le 12 janvier 1768 à Sainte-Marie de Beauce à Louise Doyon.

François Boucher marié le 24 janvier 1804 à Saint-François (Beauce) à Louise Doyon.

François Boucher marié le 23 octobre 1827 à Saint-François (Beauce) à Marcelline Poulin.

Eugène Boucher marié le 28 mai 1872 à Saint-François (Beauce) à Marie-Josephine Roy.

Siméon Boucher marié le 29 juin 1909 à Saint-Georges (Beauce) à Carmélite Fortin.

Après le mariage, les époux vont habiter "su" (chez) Madame Boucher dans la maison que Gérard avait bâtie puis vendu à Florian. 52 Florian Boucher pour sa part retourne habiter en face. 53 Madame Boucher reste au même endroit et avec elle les autres jeunes filles (Adrienne, Rose-Aimé et Rita) espérant que Gérard prendra la direction du groupe.

À l'automne 1940, à la Toussaint, Gérard entreprend la saison au chantier pour la Spruce Falls à Main's Pitt près d'Iroquois Falls en Ontario. Il y reste 104 jours sans même sortir pour la période des fêtes. Au mois de mars, il a accumulé 900,00$ à 3,50$ la corde 54 soit une moyenne de plus de deux cordes par jour au sciotte. Il reçoit de plus un boni de 15,00$ pour ne pas être sorti. Valère et Roméo Boucher quant à eux sont restés au chantier de la fin de l'été 1940 au début de l'été 1941. À son retour, Valère constate que sa femme l'a quitté. Même si ce n'est pas son habitude, il va "noyer" 56 son chagrin sans jamais pouvoir l'oublier.

Val�re Boucher avait choisi sa partenaire lorsqu'elle êtait encore toute jeune. À leur mariage, le 2 avril 1937, elle n'avait 57 que 14 ans.

Les premiers temps avaient été difficiles. Ils avaient passé leur premier hiver dans la maison que Gérard Carrier avait construite (sa première). Cette maison n'était alors pas entièrement finie. Elle n'était lambrissée que partiellement. Le courage de cette très jeune mère pionnière a été remarquable.

Avant de le quitter, Laurette avait donné un autre éenfant à Valère. Ils l'avait appellé Raymond.

Laurette devint ensuite l'épouse deAntonio Brousseau de qui Claude prit le nom de famille. Elle eut un autre garçon de cette union. Elle est décédée le 22 janvier 2002 à Val D'Or.

Le 15 avril 1941, Julienne donne naissance à une fille. Pauline 58 naît chez Madame Boucher. Elle épousera le 29 juillet 1972 à Sainte-Germaine-Boulé, Robert 59 Rossignol, comptable, né le 16 mars 1941, fils de Louis Rossignol 60 et Germaine Charbonneau, habitant Ville d'Anjou (Montréal) au mariage. Pauline et Robert résideront principalement au 165, rue de Sorel à Saint-Bruno-de-Montarville.

Enfants :

Après la naissance de Pauline, n'y tenant plus d'habiter chez sa belle-mère, Gérard entreprend les démarches pour obtenir la concession par billet de location d'une autre terre. Le Ministère de la colonisation se montre réticent car il en a déjà obtenu une qu'il a quittée.

Gérard ne chôme pas pour autant. Pour relier entre elles toutes ces terres fraâchement arrachées à l'Abitibi sauvage, il faut construire des routes. Une équipe d'increvables est formée d'Émile Rancourt, Donat Drouin, Gérard lui-même et d'un autre six pieds.

Ils ont pour tâche de charger de gravier 15 voitures à deux chevaux au rythme de 3 voyages par demi-journée et d'une verge cube et demi (1,4 m3 ) par voyage. Le gravier est pris sur la terre que Gérard avait eue et qui appartient maintenant à Madame Boucher. Pour diminuer le temps de chargement, ils utilisent des pelles à neige qui peuvent contenir le double d'une pelle à gravier. Elles ont par contre l'inconvénient d'avoir le bout droit (non pointé) ce qui les rend très difficile à enfoncer. Peut importe, un surplus d'effort compensera.


1 Extrait du registre des baptêmes de la paroisse Saint-Hubert (Audet).

2 Tel que raconté par Gérard Carrier lui-même.

3 En excluant l'année scolaire 1927-1928.

4 Soigner et traire les vaches.

5 Perche de bois terminée par une partie métallique ayant deux pointes, l'une dans la direction de l'axe et l'autre perpendiculaire à celle-ci.

6 La croyance populaire est qu'une personne qui se noie, remonte exactement trois fois à la surface avant de couler.

7 De «jammé», bloqué. Extension de l'anglais to be jammed ou être figé.

8 D'après la narration faite deux fois par Gérard Carrier lui-même les 2 janvier 1975 et 27 novembre 1976.

9 Tronçon d'arbre de 4 pieds de longueur.

10 Boîte de conserve.

11 N'ayant pas été versé dans une passoire pour enlever les brindilles, etc.

12 Environ 4,5 litres.

13 Vingt-cinq cents

14Embranchement pour Duparquet sur la route Macamic-Rouyn. Le chantier est sur le côté ouest, un peu au nord de cette jonction.

15 Aide-cuisinier

16 Sac de jute ayant contenu 100 livres d'avoines ou patates.

17 Les millages sont à prendre avec réserve. Ils sont trop semblables à ceux déjà cités à La Tuque.

18 Sur l'Outaouais, près de l'embouchure de la Kinojavis, dans le canton Clérion.

19 Billots placés longitudinalement et servant de base pour le matelas ou la paillasse.

20 Magasin de linge usagé et autres objets où l'on fait des prêts sur gages.

21 Bottes sont le bas est en caoutchouc et le haut en cuir et qui sont lacées.

22Ressort fait de broches longitudinales rattachées entre elles et terminées aux extrémités par de cours ressorts hélicoïdaux.

23 Fin de la partie racontée les 2 juin 1975 et 27 novembre 1976.

24 époux de Simone Boucher.

25 Deuxième terre concédée.

26L'abri est fait de perches appuyées avec une pente contre un rocher et recouvert de papier noir (papier goudronné). Le manque d' étanchéité entre ce plan et le rocher permet à la pluie de s'infiltrer.

27 Le feu avait passé quelques années auparavant et les bleuets poussaient alors en quantité.

28 Appelé «relief» même par les francophones.

29 C'est-à-dire à la route rurale desservant les habitants ayant des terres situées dans les rangs 2 et 3.

30 Le numéro de cette route reliant La Sarre à Duparquet sera plus tard changé pour le no. 393 ( vers 1975).

31 Pelle à base pointue pour le sable et la terre relativement courte. Le manche se termine d'une poignée.

32 Extrait du registre de la paroisse Saint-Georges-ouest pour l'année 1890.

33 Extrait du registre de la paroisse Saint-Georges-ouest pour l'année 1886.

34 Eugène Boucher dit Dghuhème était un bagarreur reconnu. Il se serait même bettu contre un ours.

35Extrait du registre de la paroisse Saint-Théophile de Beauce pour l'année 1931. Les témoins à cette sépulture avaient été : Joseph Giasson, Théophile Vigneault (père de Jos Vigneautl), Carmélite Fortin, Joseph Fortin et Eugène Boucher.

36 Tiré de "Généalogie Boucher" par Gisèle Boucher, 1999, St-Georges-de-Beauce. Édité par l'auteure.

37 Variations boquessa (buck-saw), scie suédoise etc...

38 4 de largeur par une et quart de profondeur.

39Il n'eut pas de contrat de vente mais un transfert du billet de location entre Gérard Carrier et Madame Boucher qui léguera la propriété à Florian à sa mort (le 17 août 1972 à Sainte-Germaine). Ce billet a été enregistré au bureau du Ministère de la colonisation à La Sarre. Florian Boucher restera célibataire. Il prendra la direction de la famille. On le prend d'ailleurs pour le mari de Madame Boucher plutôt que pour son fils. Florian sera inhumé le 21 juillet à Sainte-Germaine-Boulé.

40 De l'anglais dull (ennuyeux) c'est-à-dire un temps de chômage.

41 Ronne de l'anglais «run» signifie un période de travail et non une course.

42 Il participera d'ailleurs à sa mise au rancart et au recyclage du fer y provenant vers 1975.

43 Barils d'essence de 45 gallons (200 litres) converti en fournaise.

44De anglais «to clear», travail qui consiste à lancer les bûches coupées sur le banc de scie. Celui ayant ce travail se tient à gauche de la scie ronde, c'est-à-dire, entre celle-ci et le volant appelée roue d'air.

45 De l'anglais «roll», c'est-à-dire, empilade.

46 Certificat de mariage extrait des registres de la paroisse Sainte-Germaine Boulé pour l'année 1940.

47Cette chapelle était située à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Centre-Récréatif soit à l'ouest de l'église. Après la construction de l'église, la chapelle servit de salle paroissiale. Afin de faire place au Centre-Récréatif, on la vendit à Jos Tardif qui en fit sa forge puis son entrepôt pour autobus scolaires.

48 Gérard Carrier et Julienne Boucher, Sainte-Germaine de Palmarolle, 12 mai 1949, Jules Lavigne, notaire provincial, minutes no. 14461 et 14462.

49 Confirmé par elle-même. Le registre de Saint-Georges dit par erreur «née à Saint-Georges».

50 Extrait des registres de la paroisse Saint-Georges, ville Saint-Georges-ouest pour l'année 1919.

51J.H. Bégin (membre no. 721 de la Société généalogique canadienne-française, GNR no. 80872, Ottawa L-P. C- C.S.V.) Boulé P.Q. Tableau généalogique de la famille Boucher, 1950.

52 Surnommé «Câldghieu» à cause de son «patoi» (juron).

53 Lot 4, rang 3.

54 Quantité de billes de bois de 4 pieds de longueur empilées, 4 pieds de hauteur et 8 pieds de longueur.

55 Fille de Pierre Gourd et Marie Corriveau.

56 Prendre de la boisson alcoolisée.

57 Extrait du registre des mariage de Notre-Dame de Palmarolle pour l'année 1937 (le 2 avril).

58 Marie-Thérèse-Pauline

59Joseph-Louis-Robert

60 Louis Rossignol était employé au journal La Patrie coin Hôtel-de-Ville et Ste-Catherine, à Montréal.


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